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Les entreprises commencent à comptabiliser le capital naturel : pourquoi c’est une bonne nouvelle pour notre planète

La nature n’a pas de prix. Mais les ressources et les avantages qu’elles procurent ont une chose : trop grandes. L’OCDE estime ces services dits « écosystémiques » à 140 000 milliards de dollars, soit près de 1,5 fois le PIB mondial estimé par le FMI pour 2022. calmer. Selon cette norme, la dépendance de l’activité économique, et donc aussi du secteur financier, vis-à-vis de la biodiversité est significative. la moitié du PIB en dépend. « modéré » même « haute » nature, selon le Forum économique mondial.

Pourtant, les écosystèmes sont remis en question par les activités humaines, principalement à travers cinq facteurs : le changement d’utilisation des terres et des mers, l’exploitation directe des organismes vivants, le changement climatique, la pollution et la propagation des espèces envahissantes. Par exemple, l’Indice Planète Vivante du WWF reflète un effondrement de 69 % de l’abondance relative des populations d’animaux sauvages dans le monde entre 1970 et 2018.

Si la lutte contre le changement climatique mobilise aujourd’hui beaucoup d’énergie et d’attention, la protection de la biodiversité reste au second plan. Outre, « La plateforme scientifique IPBES a été créée vingt-quatre ans après le GIEC, qui équivaut au climat, précise Jean-Guillaume Pelladan, directeur de la stratégie environnementale de Sycomore AM. Cet écart n’est pas justifié par la réalité des faits, l’intégrité de la biosphère fait partie des limites planétaires dépassées, ce qui signifie que nous avons dépassé la zone de fonctionnement durable de la biosphère..

Une convergence des luttes

Ces jours-ci, la COP15 dédiée à Montréal n’a pas eu le même écho que la COP27 « climat » du mois dernier à Charm el-Cheikh. Mais le sujet prend un nouvel élan. « Je suis impressionné par la mobilisation, on assiste à un basculement du monde économique » observe Gautier Keroux, directeur de Mirova Natural Capital, qui travaille sur le sujet depuis 2015. L’objectif principal de la COP15 est de créer un nouveau cadre mondial pour la biodiversité, avec l’ambition de protéger 30% des écosystèmes terrestres et marins d’ici 2030, a été relevée. Pour Gautier Quéru, « Il y a un réveil général car les gens comprennent que prendre soin de la nature, c’est aussi prendre soin du climat. ». Bref, la lutte s’organise. la protection des forêts et des océans, puits de carbone, est un outil puissant pour limiter le réchauffement climatique.

Il y a un réveil général car les gens se rendent compte que prendre soin de la nature signifie aussi prendre soin du climat.

Gautier Quéru, directeur de Mirova Natural Capital

Calculer la trace

Pendant longtemps, ce combat s’est réduit à un point essentiel : la mesure. Le climat a son propre indicateur « tonne équivalent CO2 ». Pour la nature, le sujet est plus compliqué. Malgré tout, des « traces de biodiversité » ont émergé. Reconnue pour son expertise dans la filière CO2, Carbon4 Finance a développé avec CDC Biodiversité (Caisse des dépôts) une base de données pour mesurer abondance moyenne des espèces par kilomètre carré (MSA/km2 :) entreprises listées. A l’état naturel, la MSA est de 100% ; à l’extrême, l’artificialisation totale donne 0 % de MSA. « Cet indicateur mesure l’impact des activités humaines sur les écosystèmes, explique Melissa Perez, responsable du développement chez Carbon4 Finance. Pour calculer, on part du fonctionnement de l’entreprise : ce qu’elle produit dans quelles zones géographiques… Par exemple, une entreprise qui fait des sandwichs au poulet a besoin de poulets nourris au maïs, ce qui nécessite de cultiver et de faire pousser des champs de maïs ; pression liée à l’occupation des sols. MSA/km2 : le calcul sera différent si le sandwich est à la dinde ou au tofu. »

L’application Rift utilise cette base de données pour informer l’investisseur de l’impact de son investissement. « Nous avons calculé une unité qui nous permet de comprendre combien de mètres carrés ont été « détruits » par les entreprises qu’elle finance et combien cela va contribuer à la destruction de l’année en cours. décrit Lou Welgreen, analyste de données senior chez Carbon4 Finance. Pour un investissement de 10 000 €, le Rift estime ces effets entre 50 et 500 m respectivement.2 : et entre 5 et 100 m2 : ». Dans le même esprit, la Banque de France a calculé l’effet cumulé dans le temps d’un portefeuille d’actions et d’obligations d’institutions financières françaises. Fin 2019, l’empreinte biodiversité terrestre était comparable à une perte d’au moins 130 000 km.2 : d’une nature vierge, ce qui équivaut à l’artificialisation totale de 24 % de la superficie de la France métropolitaine.

Outre Carbon4 Finance, un autre acteur français, Iceberg Datalab, s’est fait un nom dans la mesure de l’empreinte biodiversité. « Il s’agit de la première référence pour un gestionnaire d’actifs gérant un fonds sur le thème de la biodiversité. Il vous permet de faire face aux choix meilleur de sa classe identifier ceux qui ont la plus petite empreinte sur le terrain ; révèle le PDG Mathieu Maurini. Quand Danone dit vouloir doubler sa part de produits végétaux, on peut calculer l’impact sur la biodiversité. »

Pionnier de France

Un cadre est créé pour inciter les entreprises à prendre en compte la nature et inciter les investisseurs à rediriger les capitaux. La France ouvre la voie avec l’article 29 de la loi énergie-climat qui entrera en vigueur en 2022. Elle étend les obligations d’information des acteurs financiers sur les risques climatiques aux risques biodiversité. « En 2022, nous avons communiqué la première évaluation de l’impact négatif sur la biodiversité de nos investissements cotés par rapport à l’économie, dit Gauthier Carew. En 2023, nous pourrons également présenter les impacts positifs et les dépendances des services écosystémiques. Cela nous est utile dans le processus de prise de décision, mais aussi pour communiquer l’impact de nos investissements. » La stratégie de Mirova est d’investir « Solutions basées sur la nature » tels que la gestion de l’eau, l’agroforesterie, l’agriculture régénérative. La société de gestion s’inspire davantage de l’univers non coté, tout en exigeant des sociétés cotées qu’elles améliorent leur mesure d’impact et fixent leurs objectifs.

Possibilités infinies

De son côté, Lombard Odier propose un fonds spécial, LO Funds Natural Capital, dont les actifs atteignaient 688 millions de dollars fin novembre. « Nous soutenons des sujets tels que les biomatériaux, les solutions de gestion de l’eau et des déchets, les pratiques agricoles durables, l’économie sans pesticides et la réutilisation des produits », explique Lorenzo Bernasconi, responsable des solutions climatiques et environnementales. Nous y voyons des débouchés parce qu’il s’agit d’énormes marchés. Nous investissons dans les leaders les mieux positionnés sur le long terme qui investissent pour anticiper les évolutions de la réglementation et des modes de consommation. À l’échelle internationale, l’initiative Science-Based Targets Network (SBTN) se met en place pour guider les entreprises.

Il vise à permettre aux organisations de mesurer leur empreinte, de classer les différents impacts environnementaux de leur chaîne de valeur par ordre d’importance et de fixer des objectifs scientifiques. « Au premier trimestre 2023, deux méthodologies seront publiées, l’une dédiée au changement d’affectation des terres et l’autre à l’eau douce », prévient Nicolas Loz de Coetgurhan, responsable de la coopération entreprise au WWF France. « L’idée n’est pas de monétiser les externalités pour les intégrer dans les comptes, mais d’estimer les coûts qui seront nécessaires pour restaurer les écosystèmes », ajoute-t-il. A ce titre, le WWF promeut l’outil CARE développé par AgroParisTech. « Il complète le SBTN, qui fournit un état écologique à atteindre lorsque CARE évalue le coût de l’assainissement pour y parvenir. Il peut être appliqué au niveau du projet, de la zone géographique, de l’entreprise. »

En parallèle, les entreprises financières et non financières seront encouragées à être plus transparentes dans la communication sur les risques et opportunités, les impacts et les dépendances liés à la nature par l’initiative de marché TNFD – Groupe de travail sur la divulgation financière liée à la nature. Sa version finale devrait être achevée en septembre 2023. Pour aller de l’avant, la gouvernance d’entreprise est un enjeu clé, insiste le patron du WWF France. « Il doit y avoir un lien entre la réalisation d’objectifs fondés sur la science et la rémunération. Nous sommes dans une situation d’urgence, nous ne devons nous priver d’aucun levier. »

Glossaire

Biodiversité Abréviation de biodiversité, c’est-à-dire la diversité de la vie sur terre (écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et complexes écologiques dont ils font partie).

Réseau de ciblage scientifique (SBTN) Basée sur le modèle existant en matière climatique (SBTi), cette initiative vise à guider les organisations pour évaluer leurs impacts et fixer des objectifs alignés sur les connaissances scientifiques pour élaborer des plans d’action.

Services de l’écosystème avantages que les gens retirent des écosystèmes libres.

Solutions basées sur la nature actions visant la protection, la gestion durable et la restauration d’écosystèmes naturels ou modifiés avec des bénéfices pour faire face au changement climatique, aux problèmes de sécurité alimentaire et d’approvisionnement en eau, etc.

Groupe de travail sur les divulgations financières liées à la nature (TNFD) initiative de marché visant à promouvoir la transparence des activités financières liées aux risques, impacts et dépendances liés à la nature

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